Contes alchimiques


FENETRE OUVERTE


un arbre ce soir
est venu par la fenêtre ouverte
et m'a tendu la main
je l'ai prise
il m'a souri

un arbre ce soir
est venu
m'a enlevé
m'a emmené dans le pays de ses nuits
dans le pays de ses pluies
où le vent et les feuilles jouent les ombres chinoises
dans un cabaret de nuit

un arbre ce soir
est venu
avec lui je suis partie pour une nuit d'infini
sur les notes de la pluie
sur les couleurs du vent sur les oiseaux du temps

un arbre ce soir
m'a ouvert les bras
la nuit de plaisir s'est enrosée sous les baisers du vent
les oiseaux se sont tus à l'écoute de la pluie
à l'écoute des pas de la nuit en marche
les oiseaux se sont tus

et dans le noir silence de la nuit enrosée par le vent
et que la pluie arrose
et dans cette nuit bleue découpée par les feuilles
dans cette nuit de ville un arbre est venu
et m'a tendu la main
je l'ai prise
l'arbre m'a souri
dans son sourire je suis partie


je suis parti comme on part sur les vagues de l'âme
j'ai voyagé sur les notes du silence
j'ai traversé les mers d'incertitude
et me suis réchauffé aux feux de la solitude

dans le sourire de l'arbre j'ai effeuillé ma vie
j'ai rencontré mes nuits et mes jours
dans le sourire de l'arbre j'ai rencontré l'oiseau
qui
de son bec
a picoré ma tête
qui
s'est ouverte
elle s'est ouverte
comme s'ouvre le coquillage quand la mer se retire
elle s'est ouverte

la pierre de lumière est sortie de ma tête

un arbre ce soir
est venu par la fenêtre ouverte
il m'a tendu la main
il m'a ouvert la tête
fenêtre ouverte






LE CRI DE LA TERRE


par un jour où la Terre tremble où la Terre hurle rouge
sur des chemins où la Lune se promène
par un jour où la nuit est en couleurs où la nuit n'a pas d'odeurs
par ce jour
dans le hurlement de la Terre je me suis glissé
je me suis allongé dans son silence
et mon corps en désespoir s'est désagrégé en bulles
portant des mondes d'où j'étais absente

ces mondes en bulles sont partis dans le cri de la Terre
puis chacun a explosé quand la Terre a saigné
j'ai nagé dans le sang de la Terre tant de temps que je me suis retrouvé
c'est alors que dans ses bras la Terre m'a enlacé
pour une valse d'adieux dans le triangle de la Vie
et nous avons dansé nous avons tourné à nous encercler le Monde
la Terre et moi
nous nous sommes aimés au milieu du silence de la Terre
du silence de son cri
du silence de son sang
nous nous sommes aimés

et la Terre
au creux de mon cou m'a marqué du sceau de son amour
et la Terre en tremblant et la Terre en saignant
a déposé au creux de mon cou
une roue de feu qui tourne dans la nuit


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